La tontine est elle un bon système d'épargne ?

La tontine a été introduite en France au XVIIe siècle (sous Mazarin) par le banquier napolitain Lorenzo Tonti. Son principe originel était la mise en commun des sommes apportées par les adhérents à la tontine avec le versement en contrepartie d’une rente annuelle partagée entre les souscripteurs Une variante consistait à verser la rente à nombre limité de souscripteurs tirés au hasard chaque année, s’apparentant ainsi à une loterie.

Contrairement à un emprunt classique la tontine originelle se distinguait donc sur deux points :

• Le montant versé annuellement était en théorie fixe et réparti entre les adhérents survivants (la somme perçue par chacun augmentait donc avec le temps au fur et à mesure du décès des adhérents)
• A la mort du dernier souscripteur, l’Etat récupérait le capital souscrit, qui n’était jamais rendu aux souscripteurs.

De fait, la tontine ressemblait beaucoup à un emprunt d’Etat à rente perpétuelle avec comme seule différence le hasard des décès ou du tirage au sort.

La tontine moderne a beaucoup évolué et est sensiblement différente de son ancêtre sur plusieurs points, tout en conservant une parenté certaine avec celle-ci.

• En premier lieu, la tontine moderne conserve le principe initial et essentiel de la mise en commun des sommes souscrites mais au lieu de verser un rendement annuel, c’est le capital et les intérêts liés aux placements qui est réparti entre les adhérents survivants lors de la liquidation.
• En second lieu la répartition des sommes entre les souscripteurs survivants permet, statistiquement, d’offrir d’assez bon rendements. Les lois de l’âge étant ce qu’elles sont le nombre de personnes à se partager la somme finale sera toujours moins important que le nombre de souscripteurs initiaux.
• En troisième lieu, les sommes investies sont bloquées, il est impossible de retirer son argent en cours de route.

En revanche, elle se différencie sur plusieurs aspects

• La tontine moderne est établie pour une durée fixe, de 10 à 25 ans, et non jusqu’à disparition du dernier souscripteur.
• Le capital investi est perdu si vous décédez avant la dissolution de la tontine, même si désormais la plupart des tontines sont assorties d’une assurance-décès facultative qui permet aux héritiers de toucher le montant du capital initial placé par le tontinier. Ils ne bénéficient pas du rendement de la tontine bien entendu et cette assurance à un coût.
• Le rendement final d’une tontine ne peut être garanti (puisqu’on ne sait pas au moment de sa création entre combien de souscripteurs la somme finale sera partagée) ni le capital garanti à terme (puisqu’il y’a des placements avec les risques classiques liés aux investissements), c’est donc uniquement au moment de la dissolution de l’association que les souscripteurs connaîtront le rendement réel de leur investissement.
• Les sociétés qui gèrent des tontines garantissent l’exécution du contrat, s’occupent des placements et se rémunèrent avec des frais de gestion.

Cela dit, la science statistique étant bien maitrisée, les gérants de tontines savent très bien calculer à l’avance le nombre de décès attendu sur l’ensemble des souscripteurs et il existe des tontines avec des stratégies d’investissement sécurisées comme il existe des stratégies investissement plus dynamiques et plus risquées.

Dans tous les cas, mettre de l’argent dans une tontine, ce n’est pas la jungle : les tontines sont régies par le code des assurances et tout autant surveillées que les placements de type assurance-vie.

Outre une meilleure rentabilité théorique que des placements traditionnels, les tontines bénéficient, comme l’assurance-vie, de certains avantages fiscaux :

• Au-delà de 8 ans l’abattement sur les gains s’applique (4600 euros pour une personne seule, 9200 pour un couple).
• Application du taux de prélèvement forfaitaire de 7.5% si celui-ci est plus favorable que l’imposition sur le revenu.
• Les sommes versées avant 70 ans ne sont pas soumises l’ISF
• Il est possible de souscrire une tontine au profit d’un tiers (enfant, petits-enfants par exemple) dans le cadre d’une donation, Cette formule ouvre droit aux abattements fiscaux classiques (100.000 euros tous les 15 ans).

Si vous êtes certain de ne pas avoir besoin de sommes investies durant la durée de la tontine et que vous êtes plutôt en bonne santé, oui la tontine peut être un très bon investissement assez similaire à de l’assurance-vie mais avec des rendements potentiellement meilleurs du fait de la disparition inéluctable d’une partie des souscripteurs pendant la durée de détention. C'est un placement à long terme et comme le montant est géré par une société spécialisée, le portefeuille d'investissement s'adapte à la conjoncture économique ou à l'inflation mieux que d'autres types d'investissements (emprunts pour de l'immobilier, obligations d'Etat...).